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Actuellement : la mythologie grecque

samedi 20 août 2016

Bande dessinée où Ulysse retrouve Ithaque

« Ulysse, les chants du retour », de Jean Harambat (2014), chez Actes Sud.


Je viens de découvrir cet album génial, à la fois dense et long, qui se paye le luxe de montrer une magnifique carte d’Ithaque en deuxième de couverture, puis la même en plus grand en troisième de couverture.

Ajoutons la bibliographie sélective en fin d’ouvrage, qui donne le ton, sur trois pages, comportant œuvres antiques, études, récits, théâtre, poésie, bandes dessinées et films.

La dernière fois que j’avais eu une telle émotion concernant une interprétation moderne de la mythologie grecque était avec « L’Âge de Bronze », bande dessinée d’Eric Shanower, version française chez Akileos.

Dans cette bédé interviennent plusieurs spécialistes des mythes grecs, nommons en particulier Jean-Pierre Vernant et Jacqueline de Romilly, qui viennent tout de suite à l’esprit, mais l’ouvrage convie aussi un archéologue, un bibliothécaire (de la bibliothèque d’Ithaque, pas moins), un cinéaste, un poète, des enfants…
Non, je ne les cite pas tous (autant recopier la bédé), c’est seulement pour continuer de donner le ton.

Le livre montre aussi évidemment l’action et les personnages du mythe : Télémaque, Ulysse, Pénélope sont dessinés, agissent et parlent… et aussi Athéna… Enfin, l’album cite in extenso des vers d’Homère, dans une traduction française suffisamment rythmée pour que les phrases chantent.

Cette bédé est intéressante pour des lecteurs qui connaissent déjà tout du retour d’Ulysse à Ithaque, car l’apport des différents intervenants et de leurs différentes spécialités agit comme une fête.

Cette bédé est intéressante pour des découvreurs, qui ont éventuellement vaguement entendu parler du mythe, et sont intéressés par une réflexion personnelle, et par les avis des uns et des autres qui ont parfois passé toute leur vie à étudier ces choses.
C’est ce qu’on appelle : aimer qu’on nous raconte une histoire 😀 Ici, plusieurs raconteurs interviennent, c’est décidément bien fait. On notera que les vers d’Homère sont riches au point de demander une petite troupe de façons de raconter, et je pense personnellement que c’est une des raisons pour lesquelles la mythologie grecque convient aussi bien aux enfants, à cause d’une obligation de varier les points de vue, de devoir par exemple parfois rentrer dans les détails pour bien cerner un sujet, et de devoir parfois recourir au tableau général pour donner la mesure de ce qui est en train de se jouer.

Pour finir, cette bédé est intéressante pour les raconteurs. L’histoire est géniale, le texte d’Homère glisse comme un bon vin. Simplicité des dessins, mise en scène remarquable, de bonnes idées dans les parenthèses philosophiques ouvertes par les universitaires et par les passionnés.
On ne saurait mieux décrire qu’il y a différentes versions de l’épreuve finale du tir à l’arc à travers les douze haches, qu’en montrant T.E. Lawrence (Lawrence d’Arabie) écrire depuis le désert à son éditeur, sa propre interprétation 😀 On remarquera aussi les états d’âme successifs chez Ulysse et chez Pénélope, que le texte d’origine souligne, et que la bande dessinée met en lumière.


Je recommande.


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